Afo et la difficile maintenance informatique au Nord Togo

Bonjour Afo.
YovoTogo et le collectif Emmabuntüs (dont je fais partie) souhaitent mener une interview avec vous, dans le but de faire mieux connaître, au sein de notre communauté, vos actions au Nord Togo. Si vous êtes d’accord, pourriez-vous commencer par vous présenter un peu ?

Je me nomme N’DOH Afo Moutakilou informaticien en maintenance et en analyse programmation. Je suis agent et formateur des femmes en informatique à la direction de l’Action Sociale, de la Promotion de la Femme et de l’Alphabétisation. Au sein de l’association JUMP Lab’ Orione, je suis à la fois trésorier et maintenancier de système informatique.

Afo à l’OrthoLab imprimant une pièce pour réaliser une prothèse

Vous faites donc partie de l’association JUMP Lab’Orione. Dans quelles circonstances y êtes vous entré ?

Suite à un travail que j’ai effectué en 2016 avec le président d’antan M. Yobé, c’était une formation en informatique à Nayéga, il m’a proposé de rejoindre l’association qui venait tout juste d’être créée à cette époque.

Aujourd’hui quel est votre rôle au sein de cette structure ?

Je suis celui qui s’occupe principalement des questions informatiques et surtout de la maintenance. Il y a également des tâches inhérentes au bureau de l’association et d’autres rôles qui naissent spontanément.

Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans l’exécution de ces tâches ?

Les difficultés sont sous diverses formes :

– Les difficultés liées à la maintenance informatique (problème de moyen de déplacement pour faire le tour de tous les lycées, difficultés pour réparer certains matériels quand on est face à des problèmes tels que la récupération de certaines cartes mères, d’alimentations, d’écrans …)

– Les difficultés liées à l’enregistrement intégral de tout le matériel à notre disposition (un logiciel de gestion du matériel)

Marie-Paule Oré co-fondatrice de YovoTogo et Afo
dans la salle informatique du CRETFP de Dapaong

Actuellement une solution centralisée de gestion du parc informatique sur les conseil de WebAssoc est en train d’être mise en place sur la base du Logiciel Libre GLPI qui est déjà enregistré et en cours de paramétrage. Dans quelle mesure pensez vous que cela pourra vous aider ?

J’ai eu déjà la chance d’utiliser brièvement ce logiciel et il me donne déjà l’impression d’être une bonne solution pour nous.

Cela va beaucoup nous aider dans la mesure où nous pourrons enregistrer tout le matériel à notre disposition, aussi bien au sein de l’association JUMP que dans les lycées où nous intervenons. Mieux encore, les formateurs pourront nous envoyer une description de leurs problèmes en amont, ce qui nous permettra d’en avoir un aperçu de la situation avant toute intervention.

A votre avis, quel est l’impact de vos actions sur le futur de la jeunesse au Nord Togo ?

Nous avons identifié un problème récurrent dans la région. C’est celui concernant les jeunes élèves, qui après le baccalauréat se retrouvent sur le campus de l’université sans l’ombre d’une connaissance en informatique. Et donc nos actions permettent de réduire l’ampleur de ce problème. Il y a également le problème des jeunes porteurs de projets innovants. Ils peuvent maintenant trouver au sein de JUMP Lab’ Orione une plateforme d’aide, d’appui et d’accompagnement pour leurs projets.

Sœur Nazarena Greco avec Afo
lors de l’installation
informatique à la pédiatrie de Bogou

Quand, comment, avez-vous fait la rencontre du logiciel libre ?

En 2014, j’ai suivi une formation en ligne EDUCATEL, dans laquelle j’ai déjà eu l’occasion de me frotter à Linux mais quand j’ai intégré l’association Linux a pris toute la place et de plus son utilisation est très pratique avec Emmabuntüs.

Pouvez-vous comparer Emmabuntüs avec d’autres distributions ?

Ce que je peux dire à ce propos, et pour être plus concret, c’est que j’avais peu utilisé Linux avant ma rencontre plus tardive avec Emmabuntüs. A mes débuts avec Linux j’étais pas très à l’aise, car plutôt habitué à utiliser Windows. Puis l’occasion m’a été donnée d’utiliser Emmabuntüs, et je n’ai alors pas eu besoin d’une quelconque formation pour prendre mon envol.

Afo, je sais que vous êtes très impliqué dans le projet OrthoLab. Comment réussissez-vous à faire le lien entre Roberto l’orthoprothésiste Belge et Michel le technicien de l’atelier de Bombouaka ?

En fait je suis comme un intermédiaire entre les deux. Quand par exemple Roberto demande un travail concernant l’impression il s’adresse directement à moi. À mon tour je fais appel à certains membres du groupe qui maîtrise mieux que moi l’outil pour réaliser le travail. Maintenant quand il s’agit de scanner un moignon ou autre chose d’équivalent, c’est Michel qu’il contacte en premier et ensuite moi pour réaliser le scan. Pour l’instant à ce niveau rien n’a encore été fait mais c’est en cours car nous sommes dans la phase de fabrication du dispositif pour étalonner la numérisation des moulages de moignons.

Voulez-vous répondre à des questions que j’aurais oublié de vous poser ?

Oui, nous aurions besoin si possible d’avoir au niveau de Dock, plus précisément dans la catégorie bureautique (Calibre) des ouvrages africains.

Claude a évoqué cet aspect avec Charles, le maintenancier de Kara. En se basant sur la législation française, il ne peut absolument pas être envisagé que nous mettions des e-books de manuscrits non libres de droit sur les machines. Cependant les législations Africaines et les auteurs Africains semblent manifestement moins restrictifs en la matière. Quel est votre point de vue sur ce sujet ?

Mon point de vue par rapport à cette question est que nous allons démarrer une action ici, en nous renseignant auprès des personnes les plus avisés, et examiner quelles sont les possibilités qui pourraient s’offrir à nous. Merci.