BloLab : le premier FabLab du Bénin

Considérée par les experts internationaux comme l’une des nations les plus stables d’Afrique de par ses institutions constitutionnelle et politique, la République du Bénin étend ses tentacules de paix et de stabilité à d’autres domaines tels que l’éducation, la religion et bien évidemment le numérique. C’est dans ce climat propice au développement du numérique que le BloLab, le laboratoire du « faire » du Bénin a vu le jour.

Staff du BloLab

Le BloLab, premier fablab du Bénin, est un espace d’innovation numérique et de démocratisation technologique ouvert aux personnes de tous les âges. Il a été crée dans la dynamique de familiariser la population en général et les jeunes en particulier à l’utilisation des technologies de prototypage et à la diffusion de l’esprit de création et d’innovation. Il est implanté à Kindonou, un quartier périphérique de Cotonou, au Bénin. Plus qu’un lieu de fabrication numérique et de prototypage, il est un tiers-lieu, un espace de coworking qui accueille des développeurs, des geeks, des hackers, des designers … qui mutualisent leurs compétences pour construire des projets. Il se veut être un véritable espace au service de l’innovation sociale.

De jour en jour, la centaine de membres que compte ce laboratoire numérique s’attelle ardemment à réaliser ses objectifs qui sont entre autres :

  • Le renforcement et l’animation d’un réseau d’acteurs de la fabrication numérique et du DIY au Bénin ;

  • La mutualisation des ressources humaines et des machines au profit des porteurs de projets (individus, associations, entreprises, etc) ;

  • La mise à disposition d’un ensemble de machines de qualité au profit des projets ;

  • La mise à disposition d’un centre de ressources physiques et en ligne sur la fabrication numérique et le DIY ;

  • L’organisation et l’animation des ateliers pédagogiques ainsi que des formations de formateurs ;

  • Le partage des notions telles que : biens communs, innovation technologique et sociale, etc ;

  • L’accueil et l’accompagnement des néophytes et des porteurs de projets (individus et entreprises) ;

  • La participation à la création d’emplois sur le territoire national.

 Comme pour mieux les accompagner dans la réalisation de leurs missions, la loi 2017-20 portant code du numérique en république du Bénin a été adoptée à l’unanimité au parlement le 13 Juin 2017. Ce code régit plusieurs domaines notamment les réseaux sociaux, le journalisme en ligne, la cybercriminalité, le E-commerce, Internet, etc. Le fondateur du BloLab, Médard Agbayazon, qualifie d’ailleurs cette loi de « véritable aubaine pour le pays », tout en attendant impatiemment sa promulgation par le président de la République.

Malgré le manque criard d’accompagnement logistique et financier de ses activités et projets ainsi que ceux des startups qui y sont incubées, le BloLab arrive à l’aide de fonds propres, à réaliser de beaux projets. Ces derniers profitent le plus souvent aux enfants, jeunes et étudiants, et sont de véritables socles pour le partage de la connaissance et la promotion du libre au Bénin. Il s’agit entre autres :

  • Du développement de plusieurs programmes notamment le Jeu Toho, qui propose la découverte de la ville de Cotonou (un jeu développé à la demande de l’Ambassade de France à Cotonou) ;

  • Du développement du logiciel « Stop VBG » pour lutter contre les violences basées sur le genre, au profit du PNUD ;

  • De l’organisation depuis 5 ans des Rencontres Nationales du Logiciel libre et le Boot Blo Camp ;


Vidéo du premier BootBloCamp 2017 organisé par le BloLab en juin 2017

  • De la mise sur pied du programme « KidLab » qui a permis à plus d’une centaine d’enfants âgés de 8 à 17 ans de se familiariser à la programmation ;

  • De la mise sur pied des ateliers de fabrication du Jerry et l’utilisation du logiciel scratch au profit des enfants.

Atelier « KidLab » d’initiation à la programmation sous Scratch
sur des ordinateurs sous Emmabuntüs

Afin d’essayer de résoudre le problème de l’analphabétisation numérique et de l’accès difficile à l’outil informatique, le BloLab s’implique de plus en plus dans la fabrication des Jerry. Ainsi, il sera possible non seulement de démocratiser la technologie, mais aussi de donner l’accès à l’outil informatique à des milliers de personnes qui, de par leurs conditions, n’étaient pas prêtes à utiliser de si tôt un ordinateur. Le BloLab compte mettre sur pied le projet “Social Jerry” qui sera essentiellement basé sur la création de centres de ressources numériques uniquement basées sur les Jerry dans toutes les localités du Bénin.

Il est par ailleurs très important de noter que le BloLab travaille en étroite collaboration depuis plusieurs années avec le Collectif Emmabuntüs. La majorité des ordinateurs et des Jerry du BloLab sont équipés de la distribution Emmabuntüs que le fondateur, Médard Agbayazon qualifie de« complète car elle comporte beaucoup de packages par défaut, ainsi que de la documentation qui facilite la tâche dans les initiatives de formation des enfants. L’environnement de la distribution a été crée de telle sorte que l’utilisateur se met tout de suite dans de très bonnes conditions. Emmabuntüs est une distribution qui accroche les enfants devant l’ordinateur. Elle est à la fois une distribution éducative, mais aussi ludique ».

Réalisation d’un Jerry par les membres du BloLab

Dans un futur très proche, le BloLab envisage l’installation d’une école de formation numérique destinée à former les jeunes sortis du système éducatif dans les nouveaux métiers du numérique et à l’appropriation des technologies et des logiciels libres. Des centres de ressources numériques seront crées dans les écoles et des élèves seront formés sur les technologies de prototypage et la programmation.

Le BloLab envisage également développer un système d’irrigation des plantations et de leur surveillance à distance, ceci grâce à un drone totalement fabriqué par le laboratoire, en procédant au prototypage avec une imprimante 3D.

Le destin n’aidant pas ceux qui ne s’aident pas, le BloLab a déjà quelques fonds propres pour la réalisation de ses futurs projets ; cependant une quelconque aide extérieure (matérielle, financière, idéologique) sera la bienvenue car « trois, s’aidant l’un l’autre, suffisent à porter une charge de six ».