Solidaires

Une deuxième vie pour les ordis

Emmabuntüs, un logiciel développé pour Emmaüs, sauve le matériel informatique de la casse et le rend disponible à bas prix.
Par Emmanuelle Vibert pour Le Parisien magazine

 

Marie-Noëlle, utilisatrice convaincue d’Emmabuntüs, aux côtés d’un bénévole et du concepteur du logiciel (à g.).
Romuald Meigneux

« J’étais à la manif pour les 40 ans de la loi Veil, je venais faire coucou », sourit Marie-Noëlle Gerolami, avec des yeux qui pétillent. Jack lui ouvre grand les bras et l’embrasse. Il fait partie des bénévoles qui contribuent au rayonnement d’Emmabuntüs, le logiciel libre sauveur de vieux ordinateurs.

 

Jack passe ses samedis après-midi dans le coin informatique d’une vaste boutique Emmaüs, à Paris dans le 12e arrondissement. C’est là que Marie-Noëlle a acheté il y a quelques mois un ordinateur de seconde main.

L’auteur d’Emmabuntüs, Patrick, est là aussi, pour répondre aux questions des curieux. Quand cet ingénieur en électronique de 50 ans a poussé la porte de la communauté Emmaüs de Neuilly-Plaisance (Seine-Saint-Denis) en 2011, avec l’envie de donner de son temps, il a atterri au rayon informatique. Il imagine alors un dérivé d’Ubuntu, un des systèmes d’exploitation libres (gratuits et communautaires) les plus utilisés dans le monde. Et il le baptise en contractant les mots Emmaüs et Ubuntu. Les plus d’Emmabuntüs ? Il contient tous les logiciels pour un usage familial ou professionnel, s’installe en deux heures à peine, fonctionne vite et bien et permet de sauver de la casse des ordinateurs, y compris ceux qui sont antérieurs à 2005 et incompatibles avec les systèmes d’exploitation commerciaux actuels.

Un ordinateur portable à 70 euros

Aujourd’hui, 130 bénévoles gardent le contact avec Patrick pour améliorer son logiciel, qui a conquis une demi-douzaine de communautés Emmaüs en France, mais aussi des associations comme les PC de l’espoir, à Béthune (Pas-de-Calais), ou Jerry-Do It Together, un projet franco-ivoirien.

Tout cela fait beaucoup de clients contents d’acheter un portable performant pour moins de 70 euros, avec trois mois de garantie inclus. Celui de Marie-Noëlle fonctionne à merveille, grâce à Jack. « Vous ne pouvez pas imaginer la patience qu’il a, reconnaît-elle. Et il est pédagogue. Avec des gens stressés comme moi qui n’y connaissent rien, c’est précieux. »

 

Article écrit par Emmanuelle Vibert pour Le Parisien magazine : Solidaires : une deuxième vie pour les ordis